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Tous complexés



Être complexé


Être complexé, c'est éprouver une gêne devant une situation particulière : se trouver à devoir dire quelque chose devant quelqu'un, devoir réaliser quelque chose, avoir à décider... Un "complexe" est donc une sorte d'entrave psychique qui inhibe des réactions naturelles que l'on pourrait avoir dans des circonstances sociales particulières mais banales. Face à un genre de situations se ressemblant et stimulant le complexe, la personne complexée aura des réactions surprenantes liées à des défenses psychologiques variées : négation, transposition, évitement, compensation, surcompensation...


Ces conduites, inadaptées et inhabituelles pour un homme normal, seront d'ailleurs stéréotypées, toujours identiques et en rupture avec toutes les autres conduites de la même personne. À l'inverse, on dit de quelqu'un qu'il est "sans complexe", lorsque cette personne montre une assurance à toute épreuve face à une difficulté de la vie : il réalise des actions pour sortir de la situation problématique sans se poser aucune question sur ses chances de succès. La confiance en lui qu'il affiche et les risques qu'il prend sont alors surprenants.


Acquérir un complexe est une chose assez répandue si l'on veut bien considérer que ces perturbations psychiques sont "attrapées" à travers des circonstances de notre vie que nous ne maîtrisons pas : situations de notre enfance, accidents de la vie, chocs émotionnels venant de l'environnement direct...


Les spécialistes pensent qu'une personne sur cinq est atteinte de ces types de problèmes psychologiques. Cette estimation est très optimiste. Elle ne prend en compte que les complexes forts et donc très visibles à travers les perturbations causées chez les personnes touchées. En fait, si l'on creuse à partir de la connaissance intime de quelqu'un, on se rend compte qu'un complexe est là. Heureusement nous avons des ressources pour dépasser ce genre d'entrave psychologique. Voyons des exemples.


Trois petites expériences sur le complexe d'infériorité surcompensé et sublimé


La surcompensation d'un complexe


L'handicapé qui devient champion universitaire

Anthony Robles, victime d'une malformation, né sans jambe droite, a remporté le Championnat universitaire américain (NCAA) de lutte, en 2011 à Philadelphie, terminant sa saison invaincu dans la catégorie des 125 livres (56 kg). Vous imaginez les efforts, les sacrifices et les entraînements que cet athlète handicapé a dû faire pour arriver à ce résultat.


Le petit raté qui devient un génie de la prothèse

Paul est le cadet de sa fratrie. Il a juste un frère de 10 ans de plus que lui. Ce frère travaille bien à l'école, est calme, donne entière satisfaction aux parents... Paul est plus turbulent. Il fait sans arrêt des bêtises qui lui valent des punitions à l'école et des sermons faits devant son père, professeur à la faculté de médecine, au poste de police pour les dégradations qu'il fait en ville. On peut déjà voir dans le comportement de Paul une compensation de son complexe d'infériorité par rapport à son frère aîné qui a toute l'admiration de la famille. Par sa turbulence, il cherche à attirer l'attention de la famille sur lui. Mais sa stratégie ne marche pas.


Son frère passe son bac brillamment et entame des études de médecine pour devenir chirurgien orthopédiste et suivre les brillantes traces de son père. Paul échoue plusieurs fois au bac et après l'avoir péniblement obtenu, décide de quitter sa famille -au grand soulagement de celle-ci et se fait recruter comme ouvrier mécanicien dans un garage de la ville. Il faut dire que Paul a le virus de la mécanique. En vacances, chez ses grands parents, il montait et démontait des moteurs de mobylettes, de motos et même de voitures, appartenant à ses copains. Le jardin était encombré de pièces de moteur. Bien sûr, avec des pièces détachées, récupérées ici ou là, il s'était construit un buggy et faisait des courses dans les dunes et sur la plage. Il se faisait réprimander par la police pour ses poursuites interdites.


Par un des hasards de la vie, Paul s'est trouvé un jour à bricoler, pour la réparer, une prothèse du genou. Il en comprend vite le mécanisme, fabrique une pièce et la montre en état de marche à un ami de la famille, chirurgien. Celui-ci lui donne d'autres prothèses à réparer et l'embauche dans son atelier de fabrication. Paul rencontre (comme par hasard) une femme chirurgien orthopédiste dans une clinique et se marie avec elle. Paul et sa femme deviennent les patrons d'un excellent laboratoire de mise au point de prothèses en tout genre. L'apothéose de leur réussite survient lorsque Paul réussit à faire en sorte que sa femme fasse une conférence sur la mécanique d'une nouvelle prothèse de la hanche au colloque annuel organisé par la faculté de médecine où son père et son frère détiennent des chaires d'orthopédie.


La sublimation d'un complexe


Le petit chétif qui élabore la philosophie du surhomme

Frédéric est un enfant chétif. Il est exclusivement élevé par des femmes qui veulent développer en lui sa sensibilité, le conformisme social et la piété religieuse. Il est exempté de service militaire pour faiblesse de constitution, développe à partir de 1870 (après le choc de la déclaration de guerre et dans la vision "admirables" des colonnes allemandes partant pour le front) sa célèbre conception du Surhomme, philosophie de la volonté de puissance et de domination. Il écrit dans "Ainsi parlait Zarathoustra" : "pourquoi tant de reniement et d'abnégation, si fléchissants et si mollissants ? Pourquoi tant de reniement et d'abnégation dans votre cœur ? Si peu de destinée dans votre regard ? Si vous ne voulez pas être des destinées, des inexorables, comment pourriez vous un jour vaincre avec moi ? Car les créateurs sont durs... Le plus dur est le plus noble..." Vous avez reconnu qu'il s'agit de Frédéric Nieztsche (Roger Mucchielli, Les complexes, QSJ ?, 1976).




Extrait de : "J'ai vaincu mes complexes et mes peurs", Alex Mucchielli, éditions Kawa, 2018

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