Le coaching : une voie pour se former au leadership
Les situations de compétition et de risque d'échec
Il est évident que dans la plupart des grandes entreprises, les managers comme les collaborateurs sont dans des situations de compétition plus ou moins intense. Chacun doit penser à réussir dans son travail pour progresser. Chacun vise la performance dans les missions qui lui sont confiées. Les enjeux permanents sont de toujours être le meilleur, le mieux évalué, le plus expert..., d'obtenir un travail intéressant, d'obtenir un poste plus important, de réussir pour se faire remarquer, de marquer des points pour sa carrière... Tous sont tendus vers l'effort et le sur-travail qui doivent porter leurs fruits. Evidemment, en corollaire à cette situation de compétition, il y a la permanence du risque de l'échec. Va-t-on réussir à s'imposer dans ses compétences, dans la réussite ? Ne va-t-on pas se faire doubler par un collègue ? Ne va-t-on pas rater une étape, oublier quelque chose... ? Va-t-on réussir à aller jusqu'au bout...? Le risque de l'échec est toujours présent. Il est toujours là à aiguiller les compétiteurs et à mettre une pression supplémentaire.
Il y a une psychanalyste de la première génération qui s'appelle Karen Horney qui a étudié dans son ouvrage : "La personnalité névrotique de notre temps" (1937, éd. de l'Arche, 1997), ces situations de compétition et de risque d'échec. Elle même fait de ces situations une caractéristique fondamentale de notre culture industrielle. Pour elle, notre culture actuelle a effacé de nombreuses situations naturelles et a fabriqué des situations de compétition et de risque d'échec que l'on rencontre partout et toujours. Ces situations sont devenues "typiques" et les hommes que nous sommes y sont continuellement confrontés, ailleurs même que dans la vie professionnelle.
Les conséquences relationnelles de cet univers de compétition et de risque d'échec
L'individualisme
Chacun étant nécessairement tourné vers les compétitions qu'il a à mener, chacun étant aussi préoccupé d'éviter ou de surmonter les situations d'échec qui se dressent sur sa route, personne n'est de ce fait vraiment disponible pour avoir de l'empathie pour l'autre et pour l'aider à surmonter ses problèmes et ses peurs. La nécessité de se battre tout seul est à la racine de l'individualisme contemporain. Pourquoi tenir compte des autres puisque tous me laisse tomber ?
La défiance
C'est là aussi une sorte de résultante des situations que nous venons de voir. La compétition crée la méfiance envers les autres lorsqu'elle n'est pas canalisée par la collaboration ; les échecs éprouvés ne sont pas là pour créer de la confiance envers autrui si ils restent des échecs personnels ; le rejet ressenti venant des autres compétiteurs, des personnes qui visent à me mettre en échec et de celles qui sont incapables de m'aider et de me comprendre, ne va pas, non plus créer de la confiance. Toutes les figures de l'Autre (le condisciple, collègue, le chef, le patron...), sont avant tout des figures de malveillants, de traitres en puissance, de faux jetons..., de personnes centrées uniquement sur leurs propres succès et qui ne font que donner le change pour me tromper.
La perturbation des relations
Evidemment, le tableau dressé par Karen Horney est largement noirci. Mais force est de reconnaître que les grandes lignes de cette peinture ont un fondement de vérité. Il nous faut remarquer que tous les problèmes contenus dans ces situations typiques sont des problèmes de relation à autrui : en effet, une compétition se déroule par rapport aux autres qui sont définis comme des rivaux ; un échec est marqué par une défaillance qui propulse les autres comme meilleurs que soi ; la solitude relationnelle est définie par l'absence d'une relation chaleureuse et de soutien avec autrui ; la défiance marque la relation de mise à distance d'autrui qui apparaît potentiellement dangereux et peu digne de la moindre confiance.
Le rôle du coaching managérial
Il existe pourtant un outil de management très efficace pour neutraliser les effets néfastes de ces situations de compétition et de risque d'échec : le coaching. Le manager est naturellement intéressé à sa propre réussite et celle-ci passe très souvent par la réussite de toute son équipe. La compétition interne étant inhérente à la structure des entreprises, il incombe au manager de transformer les compétitions individuelles -avec risques d'échecs individuels- en compétition collective avec des risques d'échec collectifs moins importants.
Il importe donc de luter contre l'individualisme et la défiance. Pour ce faire, les collaborateurs ne doivent pas rester seuls devant leurs tâches avec les risques d'échec afférents. Le manager doit organiser la collaboration, les échanges internes, les aides réciproques... Il le fait en montrant l'exemple : il anime l'équipe toute entière à travers des réunions d'organisation du travail et il coache individuellement ses divers collaborateurs pour les aider dans la réalisation de leurs tâches. Si tous les membres de l'équipe deviennent intéressés à la réussite collective par delà la réussite de leur part de travail, les relations internes à l'équipe vont changer. L'individualisme et la défiance ne peuvent plus être de mise. Ces relations sont remplacées par l'entraide et l'attention aux autres. Les sentiments de solitude et d'insécurité sont progressivement remplacés par des sentiments de cohésion et de confiance.
Les compétences d'un leader
Mettre en pratique un tel coaching est difficile pour les managers qui sont eux-mêmes entraîner dans la compétition pour la réussite de leurs missions. Il faut qu'ils soient extrêmement bien formés à l'animation des groupe de travail ; il faut aussi qu'ils soient formés aux techniques relationnelles du coaching. Mais il faut aussi -et sans doute plus essentiellement- qu'ils soient persuadés que les débats ont de la valeur, que le collectif vaut mieux que le personnel, que l'esprit d'équipe est porteur, que la cohésion d'un groupe est efficace... Bref, qu'ils aient confiance dans le potentiel groupal de leurs collaborateurs.
Conclusion
Remarquons, au final, que ces diverses compétences et ces croyances dans le collectif font du manager qui les possède un véritable leader. Il découle de tout ce que nous venons de dire que les efforts de coaching d'un manager qui veut neutraliser les effets néfastes des situations de compétition individuelles dans son équipe, sont une voie de formation pour devenir un véritable leader.