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Les effets « gravats » et « vitres brisees »

  • amucchielli
  • 22 août
  • 3 min de lecture

L

 

Les éléments matériels d’une situation : leurs natures, leurs formes, leurs dispositions formant un « lieu » …, ne sont pas sans affecter les émotions, les pensées et les activités des personnes présentes. De ce fait, manipuler ces éléments permet d’exercer des influences. Je vais rappeler deux « effets » bien connus en psychologie sociale.


L’effet gravats


Il est bien connu que lorsque des indélicats déversent des gravats dans la nature, ces décombres attirent d’autres goujats qui viendront déverser aussi leurs débris. Les objets, les matériels, les lieux … ne sont pas neutres et ont des interactions avec nous.


Les normes (les règles de conduite d’un groupe social) sont « descriptives » ou « prescriptives ». Les normes descriptives informent les individus sur les règles à suivre dans une situation. Elles correspondent à ce que les gens font habituellement et qui est donc observable. Ainsi, si dans un parking, le sol est jonché de papiers et de petits détritus, les automobilistes qui ont un prospectus sur leur pare-brise le jettent sans honte par terre : le sol sale induit la règle « ici, pas de propreté à préserver » (« effet gravats »). Cette règle étant une conclusion psychologique qui s’impose aux personnes.


Tout se passe autrement si le sol du parking est balayé et très propre. La norme descriptive est alors : « je dois garder ce parking propre » et la très grande majorité des personnes mettent le prospectus dans leur voiture pour le jeter plus tard. Les normes prescriptives ne sont pas liées aux circonstances. Elles ont été apprises et assimilées par acculturation ou par l’éducation. Ces règles de conduites sont respectées par les individus d’un groupe social parce qu’elles découlent des valeurs de référence du groupe. Ainsi sont les règles de politesse (que l’on apprend normalement aux enfants), de remercier pour un cadeau et de s’excuser lorsque l’on bouscule quelqu’un (norme du respect d’autrui).


L’effet vitres brisées

 

Une célèbre expérience de psychologie sociale menée par Philip Zimbardo en 1969, a inspiré ce qu’on appelle aujourd’hui la théorie des vitres brisées et qui illustre également le fait que les objets ne sont pas neutres et proposent des interactions. Deux voitures identiques sont abandonnées dans deux quartiers très différents : l’une dans le Bronx (quartier défavorisé de New York) ; l’autre à Palo Alto (quartier aisé de Californie). Les voitures sont laissées avec le capot ouvert et les plaques retirées, pour suggérer l’abandon. Dans le Bronx : la voiture est vandalisée en quelques heures. Des passants volent des pièces, cassent des vitres, et la détruisent rapidement. À Palo Alto : la voiture reste intacte pendant plusieurs jours. Aucun acte de vandalisme n’est observé. Zimbardo décide alors de briser lui-même une vitre de la voiture à Palo Alto. Résultat : dès que la voiture montre un signe de détérioration, elle est rapidement vandalisée à son tour. Un signe visible de négligence ou de désordre (comme une vitre cassée ou un capot ouvert) envoie donc un message implicite : « personne ne surveille, tout est permis ». Cela encourage les comportements déviants, même chez des individus qui n’auraient pas agi ainsi dans un autre contexte. Le désordre attire le désordre et l’incivilité devient contagieuse. 

 

Applications

 

Ces idées sur les effets de la pagaille (théorie des vitres brisées) a influencé les politiques de prévention du crime dans les années 1980–1990, notamment à New York. Elle suggère que maintenir l’ordre visible (nettoyer les graffitis, réparer les vitres, entretenir les lieux publics …) peut réduire les actes de délinquance. Nous avons vu que l’apparence d’un lieu peut suffire à modifier les normes perçues avec la norme descriptive du lieu sale (« ici on peut salir, puisque tout est sale » ; « l’effet gravats » ).

 

Les villes utilisent cette théorie pour prévenir la dégradation des quartiers en agissant rapidement sur les signes de désordre : réparation immédiate des infrastructures abîmées (vitres, bancs, lampadaires …) ; nettoyage régulier des graffitis et des déchets ; entretien des espaces verts pour éviter qu’ils ne deviennent des zones de non-droit ; éclairage public renforcé pour dissuader les comportements déviants. L’idée est de montrer que l’espace est surveillé et respecté, ce qui incite les citoyens à en faire autant. Les urbanistes s’appuient sur cette théorie des vitres brisées pour concevoir des espaces qui favorisent les comportements civiques : mobilier urbain accueillant et bien entretenu : présence visible de l’art et de la culture pour valoriser les lieux : participation citoyenne à l’entretien des quartiers (jardins partagés, fresques murales …). Cela crée un sentiment d’appartenance et de responsabilité collective, réduisant les comportements antisociaux.

 

 
 
 

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