La séduction
Dans notre culture, la séduction dépend d'un ensemble de mécanismes relationnels psycho-sociaux assez précis. Nous allons en décortiquer quelques uns à la portée de tout un chacun.

1- La flatterie
L’analyse des manières de faire des séducteurs et des séductrices met en évidence leur utilisation de la flatterie envers les personnes à séduire. Les séductrices, par exemple, mettent les hommes sur un piédestal, leur montrent donc de l’admiration (en clignant des yeux, comme si elles étaient « éblouies »), les font parler de leurs performances, "boivent" leurs paroles... Toutes ces attitudes constituent l’homme à séduire comme « remarquable ». Il n’est même pas nécessaire d’évoquer le fameux « besoin » de reconnaissance ou la congénitale « vanité » des hommes pour expliquer qu’en retour à cette attention admirative, ils accordent leur « confiance » et tombent dans le filet des séductrices qui continueront à les faire parler pour leur arracher des secrets qu’elle veut leur faire dire (dans le cas des célèbres espionnes). Nous avons donc le schéma de fonctionnement ci-contre.

Une séduction réussie, c'est évidemment la réussite de la création d'une bonne relation. Les séducteurs et les séductrices sont évidemment des influençeurs.
2- Le positionnement aimable de l'autre
Le sourire
Pourquoi le sourire prépare-t-il une relation de séduction ? Parce que le sourire s'oppose à la mine renfrognée et que, donc, il signifie l'acceptation de l'autre. En effet, il institue l'autre comme être agréable, digne de recevoir un sourire. Celui qui ne nous est pas sympathique, par contre, aura droit à une mine renfrognée. Il y a deux mécanismes en œuvre dans les effets du sourire :
1°) par l’habitude sociale : sourire à quelqu’un = acceptation de ce quelqu’un ;
2°) par mimétisme retour, celui qui sourit présuppose le sourire retour de l’autre et dont l’acceptation de la relation détendue proposée à l’autre.
L'enjouement et l'aisance
Pourquoi être enjoué et avoir de l’aisance dans le contact prépare-t-il une relation de séduction ? Parce qu’être enjoué et avoir de l'aisance dans le contact est une manière d'être qui facilite la mise en place d'une relation de style « décontractée ». On sait bien ( c'est une règle sociale ) que l'on est « décontracté » avec des gens de son milieu, des gens que l'on apprécie et dont on n'a pas à se méfier. Être décontracté avec autrui, c'est aussi lui proposer de nouer le type de relation de complicité qui va avec la manière d'être. C'est donc manipuler la relation en se positionnant comme quelqu'un dont les propos vont être sans ruses et arrière-pensées. C'est donc donner du poids et de la valeur à ces propos. Il y a là aussi deux mécanismes en œuvre dans les effets de l’aisance avec l’autre :
1°) par l’habitude sociale : être décontracté avec quelqu’un = définition de ce quelqu’un comme proche et amical ;
2°) par mimétisme retour, celui qui est décontracté présuppose la décontraction retour de l’autre et dont l’acceptation de la relation détendue proposée.
L'humour
Pourquoi avoir de l’humour prépare-t-il une relation de séduction ? Parce qu’avoir de l'humour, c'est montrer que l'on ne se prend pas assez au sérieux pour instituer une « relation sérieuse » avec l'autre. Or, les relations sérieuses rentrent toutes dans la catégorie dominant-dominé. On y trouve la relation : maître-élève ; chef-subordonné ; père/mère-fils/fille ; adulte-enfant ; formateur-formé ; tuteur-suiveur ; décideur-non décideur ; pilote-passager ; guide-suiveur...
En disant, par l’humour, d'une manière implicite, que l'on refuse ce type de relations « classiques », on propose nécessairement un autre type de relation : une relation de complicité d’amusement menant au copinage, à l’amitié, au flirt, à la relation amoureuse…
L’humoriste ne peut heurter l’autre puisqu’il se place dans une position décalée, qui sort volontairement des relations classiques. L’humoriste, comme le séducteur, manipule les apparences pour que le séduit retrouve ses propres qualités chez le séducteur. Par ailleurs, si l’on se permet l’humour c’est bien que l’autre est capable de le recevoir. Donc cet autre est défini d’emblée comme « complice ».

Cette définition est une gratification que l’humoriste ou le séducteur lui fait. Il aura donc tendance à retourner cette marque de reconnaissance positive. Un cercle heureux d’échanges est alors enclenché. On peut représenter ce qui se passe dans les échanges par le schéma ci-dessus.
(Extrait de A. Mucchielli, 100 idées pour mieux gérer son équipe, Ellipses, 2021)
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