Abondance des milieux familiaux toxiques
Les rôles imposés
Les auteurs du courant de l'antipsychiatrie, ont montré comment les individus dominants dans certains systèmes familiaux, imposaient aux enfants dominés des rituels d’interactions, qui avaient pour finalité de mettre en œuvre leurs désirs profonds (principe de manipulation). Pour eux, la maladie mentale est donc « fabriquée » chez les enfants, sains à l'origine, par des individus dominants, eux-mêmes malades, qui imposent leur système de relations pathologiques.
Ainsi, Maya, ne peut accepter la définition de : « Petite-fille soumise, affectueuse, dépendante » – définition imaginaire d'elle à quatre ans – que ses parents lui proposent à son retour au foyer lorsqu'elle a 14 ans et des intérêts, des goûts, une personnalité nouvelle et indépendante (Donald Laing & Arnold Esterson, La politique de la famille. L’équilibre mental, la folie et la famille, 1971).
Les échanges entre les parents et la jeune fille sont alors des jeux formellement identiques, dans lesquels les parents essaient de faire accepter à l’enfant leur définition d’elle (leur désir d’enfant conforme à leurs attentes maladives) et dans lesquels la jeune fille s’efforce de faire passer la définition d’elle à laquelle elle prétend. Le principe « je dois faire autrement que ce qu’ils me demandent » régit alors la vie de Maya. Elle est obnubilée par cette idée et ne peut se développer normalement. Des troubles importants du comportement (que les psychiatres décodent comme « névrose d’opposition »), la conduisent en hôpital psychiatrique.
Les études sur les « familles toxiques » montrent les perturbations apportées aux personnalités des enfants, puis de ceux-ci devenus adultes. Un parent toxique veut contrôler entièrement son enfant, il est exigeant et constamment critique, il ne cherche absolument pas à comprendre son enfant (Claire Aimé, Famille toxique, 2024). Le parent toxique profère souvent des phrases perfides qui déstabilisent à long terme son enfant. « Tu ne feras jamais rien de bon. Tu n’es pas comme X ou Y. Tu es bête… », voilà des appréciations destructrices qui infuseront dans le psychisme et se concrétiseront sous forme de règles de vie maladives. On retrouve là les conditions de la formation des complexes. Comme le dit Gérald Bronner, l’espace cognitif de la famille pour l’enfant, est réduit à quelques décrets ou commandements répétitifs (La pensée extrême, 2016). C’est tout le contraire de ce qui se passe dans une famille affectueuse et ouverte.
Les familles violentes
Il y a des enfants qui subissent incessamment les violences de leurs parents déséquilibrés. Les enfants battus sans raison par un père ou une mère alcoolique, par exemple, ne vont pas grandir sans troubles psychologiques (Isabelle Seret, Chez moi vit la violence : une victimologue à l’écoute des victimes de violence familiale, 2022). Leurs comportements pathologiques se manifestent tout de suite : Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP), instabilité émotionnelle (crises de fureur), opposition aux enseignants à l’école, crise de colère contre des interdictions et des règles, accusation des autres pour ses erreurs et ses fautes, agression des condisciples, participation à des rixes, viols des camarades filles à l’adolescence, saccages de lieux publics, incendies de véhicules… En règle générale, l’enfant martyrisé, sous l’influence d’émotions intenses, a perdu le contrôle de lui-même et devient agressif à la moindre contrariété. (Raphaëlle Scappaticci, Crises de violence explosives chez l’enfant, 2019). La situation d’hostilité, violente intra-familiale à son égard, a imprimé dans le cerveau de l’enfant battu, l’idée que le seul mode d’échange avec l’environnement est l’agressivité. Cette agressivité étant d’ailleurs une défense protectrice. Une fois adulte, l’enfant battu, appliquera à tous les éléments de son environnement cette règle existentielle Il naviguera donc toute sa vie entre les différentes formes de délinquance brutale.
Par exemple, le père de Staline était alcoolique et le battait. Il abandonna sa famille. Staline devint « un garnement des rues, brutal et méfiant » (Simon Sebag Montefiore Staline : La cour du tsar rouge, vol. I : 1929-1941, 2010). Adolf Hitler connaît aussi une enfance difficile « il a une enfance marquée par les mauvais traitements de son père, des déménagements fréquents et un désintérêt grandissant pour l’école qu’il quitte sans avoir terminé ses études secondaires. Le jeune Adolf subit les violences de son père, devient orphelin à quatorze ans. Alors qu’il voulait être peintre, il doit faire face à l’opposition constante de son père, qui préfère la fonction publique. » (Https://histoire-et-art.fr/adolf-hitler/).
Remarque
De nos jours, les familles se sont déglinguées, souvent dans la crispation et les violences verbales et psychologiques, les parents sont centrés sur leurs propres problèmes psychiques…, les enfants font les frais de ces situations. Il n’est pas étonnant de retrouver tant de Troubles Oppositionnels avec Provocation (TOP), tant d’instabilité émotionnelle, tant d’opposition aux autorités, tant de colère contre les interdictions et les règles… chez nos contemporains adultes.
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