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Un monde de realite augmentee et d’intelligence artificielle


Notre réalité augmentée


Le terme de réalité augmentée a été inventé en 1992 par Tom Caudell et David Mizell chez Boing. La réalité augmentée englobe la réalité tangible -celle que l'on perçoit directement avec les cinq sens- et un ensemble d'informations complémentaires arrivant en temps réel dans cette réalité tangible, informations en images, en graphiques, en chiffres ou en textes..., apportées à travers des écrans par des technologies informatiques de saisie et d'analyse de données cachées aux sens et cependant présentes dans la situation réelle. La technologie permet d’introduire dans la situation des éléments qui vont la compléter et ainsi piloter les conduites.


Nous avons tous désormais une petite expérience de ces données qui participent à notre « réalité augmentée ». Nous avons des montres qui nous indiquent le nombre de calories que nous sommes en train de dépenser à travers notre activité, nous avons des détecteurs de radars routier sur notre tableau de bord, nous utilisons des codes-barres pour lire des informations sur les ingrédients des aliments que nous achetons au supermarché, notre Smartphone nous indique le temps qu'il fera dans une ou deux heures, de même qu'il nous indique l'altitude à laquelle nous sommes et les plantes endémiques qui se trouvent sur notre chemin de randonnée... En voiture, la réalité augmentée dans laquelle peut se trouver le conducteur comprend un affichage sur le pare-brise d'informations qui ne sont pas déjà sur le tableau de bord : affichage d'indications sur l'adhérence des pneus à la chaussée, sur la présence à distance d'éventuels obstacles, sur la largeur de la route maintenant et dans quelques kilomètres, sur la densité du trafic dans les deux sens de circulation, sur la limitation des vitesses à respecter et sur la présence de radars de contrôle ...


Il est intéressant de constater que nos activités et nos décisions prennent en compte ces données complémentaires apportées désormais par les outils informatiques dont nous disposons. Nous voyons bien que nous raisonnons avec ces données nouvelles. Mais nous avions oublié que nous faisons de même, tout à fait inconsciemment, avec les données de notre environnement réel et banal. L'utilisation de la réalité augmentée nous confirme les analyses des sociologues de la cognition distribuée, à savoir que nous pensons en interaction avec les objets du monde qui nous entoure (et non pas seulement en fonction de la structuration acquise de notre psychisme). Ces objets nous envoient des informations et nous indiquent plus ou moins fortement ce que nous pouvons faire ou non (Christophe Heinz, Les fondements psychiques et sociaux de la cognition distribuée, Maison des sciences de l’homme, 2011).


L’entreprise en situation augmentée


L'entreprise augmentée des temps nouveaux repose sur les multiples utilisations des systèmes informatiques, des algorithmes et des services en ligne (Drieu Godefridi, La réalité augmentée, 2022). La conception de l'entreprise augmentée se préoccupe essentiellement des nouveaux outils digitaux qui transforment et enrichissent l'univers de travail du poste occupé par une personne. Ainsi, un casque, des lunettes ou, plus prosaïquement, un écran, affichent, pour tel ou tel opérateur, des informations complémentaires et des analyses immédiates de son travail, dans le but de rendre ses opérations plus performantes. Le même outil digital qui renseigne cet opérateur et analyse en direct ses tâches lui restituera, finalement, une évaluation des difficultés qu'il a rencontrées et participera, en conséquence, à sa formation (ce type de travail-formation existe déjà dans les technologies mécaniques de pointe, la maintenance ou le bâtiment (NASA, AIRBUS...).


Ainsi, une interface informatique, présentant un questionnaire que tel ou tel décideur renseigne, va être couplé à un algorithme expert qui va poser d'autres questions de précision et délivrera ensuite la décision à prendre ou le protocole à suivre (ce type de logiciel existe dans les banques et autres institutions financières dont les services des impôts...).


Ainsi, un rédacteur (de compte-rendu, de rapport, de décision, de lettre, de communications techniques...), sera aidé par un logiciel d'intelligence artificielle, qui puisant dans le réservoir de data de l'intranet de son entreprise, lui proposera, selon son propos : des formules adaptables, un titrage pertinent, des schémas illustratifs adaptés, des passages d'autres textes, des conjonctions de coordination adaptées (ainsi, mais, car, de plus, en conséquence, donc, par ailleurs ...) pour guider son raisonnement ... (ce type de logiciel existe dans les secrétariats, les service d'achat ou de vente ...).


Dans cette optique, l'entreprise augmentée est une entreprise parfaitement digitalisée dans les process de travail utilisés. Les diverses tâches des salariés sont accompagnées et guidées par des outils digitaux spécifiques. Evidemment, l'intelligence artificielle constituée d'algorithmes perfectionnés est partout : dans la réalisation des tâches comme dans les groupes de travail ou les groupes projet (outils de collaboration pilotée). Ces outils font partie du nouvel environnement de travail créé qui, de ce fait, devient à la fois plus complexe et plus maîtrisable. Les personnels sont amenés à fournir un important effort d'apprentissage pour maîtriser les outils qui leur rendront, ensuite, la vie plus facile (selon l'idéologie de la digitalisation). Les nouvelles machines à piloter sont, par ailleurs, rendues « intelligentes » grâce à l'incorporation de capteurs, d'analyseurs et toujours d'algorithmes reproduisant les réactions et décisions d'experts. Les pilotes humains de ces machines ont de nouvelles prouesses intellectuelles à réaliser. Normalement, libérés d'une attention et d'une réflexion subalternes, ils sont plus disponibles pour des travaux en groupe de créativité réfléchissant sur l'amélioration des outils informatiques dont ils disposent.


La probable dynamique sociale face à l’IA


Yuval Noah Harari dans son célèbre ouvrage : Homo Deus. Une brève histoire de l’avenir (2015), analyse les logiques sociétales à l’œuvre dans la situation augmentée par tous ces nouveaux outils liés à l’intelligence artificielle. Certes, la science à travers ses réalisations donne des « directives pratiques » (prescriptions ou proscriptions). Mais aussi elle fait perdre beaucoup de sens aux éléments de la vie en hypertrophiant la possibilité de croissance et de bonheur. Les nouveaux outils liés à l’IA et à leurs algorithmes risquent de faire perdre la croyance en l’Homme car ils seront plus forts que cet Homme et ils le montreront sans arrêt. Ils domineront les Hommes qui perdront leur place centrale. La dynamique qui va résulter de ces injonctions destructrices permanentes est imprévisible mais risque d’être catastrophique : quelles seront les nouvelles idéologies qui surgiront pour redonner du sens à la vie ? Quels seront les « Hommes augmentés » qui prendront les choses en main et que feront-ils des autres ? Finalement, une angoisse de plus pour nos contemporains !


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