Du Woke et du wokisme

Perspective donnée par une psychanalyse sauvage
L'émergence d'un virus de pensée chez les intellectuels patentés
Les personnes "Woke" et l'idéologie "wokiste" sont apparues dans notre société il y a quelques temps et se sont répandues à la manière des virus. Pour moi, ils signent une des maladies de notre société qui se délite un peu plus sous leur impact. J'attendais des intellectuels, des éditorialistes, des sociologues..., une analyse de ce phénomène : causes et effets. Mais rien ne vient (mais j'attends tout de même Onfray, Julliard, Gaucher, Lévy, Bidar, Ferry et quelques autres). Tous ont un peu peur d'être dénoncés à la vindicte de cette nouvelle mode de penser. Alors, du fin fond de ma forêt montagnarde, je me permets de lire leurs activités à la lumière de la grille psychanalytique. Non que je crois au bien fondé de ce programme intellectuel, mais les résultats qu'il donne sont amusants et, pour une fois, pas tout à fait sans intérêt.
La place du Woke
L'adhérent au mouvement Woke s'est réveillé (comme son nom l'indique), il s'est levé et s'est dressé au dessus des pauvres endormis : tous ces hommes et femmes qui disent ce qu'ils voient, ressentent et analysent sans comprendre ce qu'il y a derrière ; qui croient réfléchir avec leurs principes de prêt à penser historiquement dédiés ; qui agissent pilotés par des normes culturelles dépassées néantisant l'intersectionnalité des combats libérateurs. Le wokiste, lui, s'est donc hissé au-dessus de la mêlée. Il se sait supérieur aux autres, du fait même de son éveil.
Se mettre ainsi au-dessus de tous fait inévitablement penser à un complexe d'infériorité surcompensé (Jung). Se proposer au regard de tous comme étant celui qui a tout compris, qui a vu les choses cachées alors que les autres sont restés dans les ténèbres de leur bêtise, fait aussi penser au complexe spectaculaire de l'adulte qui, enfant, a été négligé, méprisé et non reconnu à sa juste valeur (cette mise en vedette étant aussi une surcompensation). L'adhérent au mouvement Woke voudrait donc néantiser son anonymat, ses échecs, son invisibilité sociale..., en développant à travers ses discours et ses activités une position sociale valorisée. D'ailleurs, que saurait-on de ces intellectuels, de ces écrivains, de ces universitaires, de ces éditorialistes, de ces politiques..., s'ils n'avaient pas proclamé leur wokisme ?
La mission du Woke
L'adhérent au mouvement Woke annonce partout qu'il veut rétablir la vérité, cette vérité cachée par les habitudes ; qu'il veut rétablir la justice sociale, cette justice dénaturée et manipulée par les privilèges des dominants ; qu'il veut dénoncer les oppressions racialistes qui pèsent sur les minorités (les Hommes de couleur, les femmes, les homosexuelles, les bisexuels, les animaux d'élevage...), ces oppressions maintenues par des castes de privilégiés. Le wokiste complet dénonce aussi la perversion des industries capitalistes qui ruinent le climat et détruisent les écosystèmes naturels. Le but ultime du wokiste est d'éveiller le monde des endormis béats aux vérités cachées. Le woke a donc une mission salvatrice : c'est le nouveau messie.
Le woke se vit donc comme au service de l'humanité. Il a audité les maux vécus par ses compagnons de culture et il veut les guérir. Sauver le monde révèle une grande enflure du Moi en même temps qu'une surestimation de ses potentialités. Le rôle de sauveur "est un des côtés du triangle dramatique, qui représente les relations entre trois rôles d’un jeu psychologique dangereux : le Persécuteur – le Sauveur – la Victime. Il peut donner lieu à un véritable syndrome source de souffrance et de dépendance dans la mesure où il cache des véritables besoins inassouvis (comme celui de reconnaissance, de se sentir utile) et nait d’une confusion autour de l’amour et d’une profonde mésestime de soi" (Sylvie Tenenbaum). Le sauveur joue un rôle narcissique gratifiant (nous avons vu comment il se met en valeur au-dessus des autres), il intervient de sa propre autorité, il infantilise sa victime et il peut devenir persécuteur s'il ne reçoit pas la reconnaissance attendue (tout en justifiant ses violences par un ancien vécu de victime)..
Le travail du Woke
L'adhérent au mouvement Woke, comme nous venons de le voir est un dénonciateur. Il érige en valeur suprême la vérité. Cette vérité qui est toujours volontairement cachée par la caste des dominants historiques : les mâles blancs occidentaux. La réalité des faits a toujours été enfouie par les privilégiés qui veulent, tout simplement, continuer à profiter de leurs avantages et de leur pouvoir. Le woke est donc l'avocat de la nouvelle humanité révélant les évidences et dénonçant les apparences.
Le woke veut soulever le voile. Il est donc à la recherche du sexe perdu. Mais, sous le voile, il ne peut y avoir de sexe genré : il n'y a que de l'intersexualité liée à l'intersectionnalité. Il va donc nécessairement être déçu et toujours chercher à soulever le voile suivant. Cette quête incessante révèle son incomplétude identitaire. Où est le vrai sexe ? À quel sexe appartiens-je ? Voilà son questionnement inquiet. Le Woke se débat donc en permanence avec ce trouble de la personnalité qui va le mener à avoir un comportement hystérique : théâtralité des postures, dramatisation, exagération, enflure du Moi, utilisation de formules démesurées..., tout ceci allant avec le positionnement de star que nous avons vu.
Les communications du Woke
L'adhérent au mouvement Woke, comme nous l'avons vu, a une mission salvatrice. Il est persuadé du bien fondé de sa vision idéologique du monde. C'est au nom de cette mission salvatrice qu'il doit dénoncer et agir en force pour imposer le réveil. Les résistances des castes dominantes étant ce qu'elles sont, il est tout à fait normal qu'il agisse violemment, qu'il exige et qu'il agresse le mur des privilégiés endurcis. Le wokiste se vit comme un soldat porteur d'une révolution libératrice. C'est en référence à ce rôle et étant donné les barrages rencontrés qu'il doit utiliser la violence. Son agressivité est justifiée. Si les autres résistent, c'est donc qu'il a raison de faire comme il fait (comme en psychanalyse, la résistance est la preuve du problème).
La communication agressive du Woke qui, en même temps, cherche sa vraie personnalité sexuelle (enfouie, comme toute chose, sous un voile tissé par les forces dominantes), dénote donc une personnalité hystérique. L'hystérie est une régression de la libido qui se fixe préférentiellement au stade phallique en gardant de fortes composantes orales (Karl Abraham). Le Woke n'est donc pas arrivé au stade génital qui est le dernier stade de la maturation sexuelle (les composantes orales laissant percer des tendances homosexuelles, normales chez les intersexualisés). Le stade phallique correspond, d'après les experts, au maximum de l'expression du complexe d'Œdipe, dont une des composantes (outre la jalousie envers les personnes de même intersexe), est la contestation de l'autorité. Cela, nous l'avions compris. Le Woke ne peut pas supporter tout ce qui normalement s'impose aux non éveillés : les données scientifiques établies, les conduites et les valeurs culturellement partagées qui font référence, les processus démocratiques de décision, les statuts sociaux reconnus, les responsabilités attribuées, l'organisation des institutions éducatives et sociales... Tout est à controverser et à renverser.
Conclusion
Au total, d'après la psychanalyse, le Woke a une personnalité troublée qui relève d'une bonne psychothérapie qui pourra le guérir à la fois : de son complexe de nullité surcompensé en supériorité ; de son syndrome du sauveur-persécuteur-ancienne victime ; de son incomplétude identitaire liée à son arrêt au stade phallique et à son complexe d'Œdipe ; et également, de son agressivité attachée à sa personnalité hystérique. Autant dire : mission impossible tant ses défenses seront sollicitées : déni, dénégation, intellectualisation, rationalisation secondaire et refoulement. Tous ces éléments de rhétorique que l'on peut apprécier au théâtre des médias lorsqu'un de ces nouveaux intellectuels vient y prêcher et lorsqu'un inconscient kamikaze vient apporter quelque contradiction.
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