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Le relationnel et le nouveau paradigme de la formation

Un paradigme

On parle avec raison du "changement de paradigme dans la formation", changement qu'apporterait la digitalisation de ces formations et leur offre à distance sur des plateformes pédagogiques. Un changement de paradigme dans ce domaine, cela veut dire un changement du modèle de référence dans l'élaboration des formations, une révolution dans les manières de penser et d'évaluer la formation. Examinons une des dimensions de ce changement de paradigme : la dimension relationnelle de la transmission des compétences.

La place de la relation psychologique

Ce point fait immédiatement problème. En effet, une des critiques les plus courantes faites au e-learning, c'est la disparition supposée de la relation psychologique avec l'apprenant. L'idée, très culturellement ancrée, est que sans une bonne qualité relationnelle avec ses apprenants, le formateur ne peut pas réussir sa transmission. Nous avons tous en tête des rencontres marquantes avec certains de nos maîtres. Ces enseignants qui ont suscité notre enthousiasme, ceux qui nous ont fait aimer une matière, ceux qui nous ont le plus appris... Il est aussi à remarquer que dans les formations présentielles en séminaire de face à face, les participants jugent la performance du séminaire du point de vue de l'apport de connaissances ou de savoir-faire en fonction de leur relation avec le formateur. Le séminaire est réussi à 85 % si le formateur est jugé à l'écoute et sympathique. Vu l'importance du relationnel, dans le nouveau paradigme de la formation à distance, la relation avec les apprenants doit être particulièrement travaillée. Voyons quels sont les éléments de cette réflexion.

Le webinar initial

Le premier élément du travail sur la relation avec l'apprenant est l'introduction de deux artéfacts relationnels permettant la connaissance du e-tuteur et des échanges ultérieurs avec celui-ci lors du suivi de la formation. Les formations distancielles les plus réussies sont celles qui sont précédées par un webinar de présentation fait par le e-tuteur et celles qui comportent du e-tutorat. Dans le webinar qui précède la formation, le e-tuteur se présente, présente la formation et répond aux questions des apprenants. Lors du suivi de la formation, le e-tuteur est informé des progressions des apprenants, visualise les réponses données aux questionnaires incorporés aux cours en ligne, peut intervenir pour les relancer, leur poser des questions ou répondre à leurs questions dans un espace dédié à ces échanges. Ainsi donc, dans le nouveau paradigme, toute formation à distance doit penser l'intégration d'un webinar de présentation et les interventions du e-tuteur lors de la formation.

Le e-tutorat et le social learning

Le deuxième élément du travail sur la relation avec l'apprenant est l'introduction d'un espace d'échange entre tous les apprenants et le e-tuteur. Cet espace est appelé, par abus de langage, le "social learning" (car le "social learning" est en fait, au sens propre, l'apprentissage que l'on fait en échangeant avec d'autres). Sur les plateformes pédagogiques ce "social learning" se présente comme un mur d'échange (de type facebook), sur lequel tous les apprenants de la formation peuvent insérer, non seulement des textes de commentaires, de remarques ou de compte-rendu d'expérience personnelle, mais aussi tout type de document multimédia pouvant être utile à la formation. C'est évidemment le e-tuteur qui gère cet espace et qui intervient pour le piloter pédagogiquement.

La qualité de la scénarisation

Le troisième élément du travail sur la relation avec l'apprenant est l'attention spécifique que l'on porte à la dynamique des présentations multimédia qui sont faites dans les cours en ligne. Les animations, les vidéos, les commentaires en voix off..., sont autant d'éléments qui doivent être pensés pour capter l'attention et susciter une certaine émotion chez les apprenants. Le travail de scénarisation est donc important. Il doit répondre à des critères d'évaluation de la méthodologie FLUIDE : la présentation des contenus multimédia doit être Facile, c'est-à-dire adaptée au niveau des apprenants ; elle doit être Ludique, c'est-à-dire non rébarbative, légèrement amusante, si possible ; elle doit être Utile, c'est-à-dire qu'elle doit vraiment répondre aux objectifs pédagogiques poursuivis, elle doit apporter quelques chose aux apprenants ; elle doit être Interactive, c'est-à-dire qu'elle doit solliciter les apprenants, leur permettre d'être actifs dans leur apprentissage ; elle doit être Didactique, c'est-à-dire pédagogiquement construite pour atteindre les objectifs pédagogiques voulus ; elle doit être, enfin, Entrainante, c'est-à-dire énergétique, non ennuyeuse et motivante. Lorsque l'on s'y connait un peu en pédagogie, on voit, à travers ces critères, que la pédagogie digitale n'a rien inventé. On retrouve là tous les critères qui font un bon séminaire de face à face ou un bon cours oral. Mais, on doit cependant remarquer que la pédagogie digitale apporte une plus grande attention à ces critères que la pédagogie traditionnelle : elle formalise davantage les réalisations pédagogiques, justement du fait de la disparition du lien de face à face avec les apprenants.

Le questionnement et les processus cognitifs

Le quatrième élément du travail sur la relation avec l'apprenant est l'introduction du questionnement systématique dans les cours en ligne. Poser une question pertinente à l'apprenant, c'est le faire réfléchir, c'est stimuler son imagination pour lui faire comprendre en profondeur les apports nouveaux. Comme nous l'avons vu, introduire des questionnements dans un cours, c'est aussi répondre aux critères de la méthodologie FLUIDE. C'est introduire de l'Interactivité, du Didactisme et de l'Entrainement. Les questions que l'on pose dans le cours d'un e-learning ne sont pas des questions de mémorisation. On fait appel à d'autres processus cognitifs d'apprentissage que la mémoire. On fait appel à la "compréhension" ou intelligence d'un processus et mécanisme, on fait appel à l'analyse qui est la mise en relation des points clés d'un fonctionnement, on fait appel à l'utilisation concrète sur un problème, on fait appel à l'évaluation qui est la comparaison à l'aide de critères, on fait appel à la construction qui consiste à réaliser un projet... Il faut ajouter que ces questionnements permettent la "pointification", c'est-à-dire le fait de gagner des points, ce qui, comme nous le verrons ci-après, permet aux apprenants de se positionner dans des jeux et des challenges.

La gamification

Le cinquième élément du travail sur la relation avec l'apprenant est la réintroduction du jeu dans la formation. Le ludique a toujours été un moteur pour l'apprentissage. Gagner des "bons points", être mis "au tableau d'honneur", "finir le premier de la compétition", se dépasser et faire mieux que la fois précédente..., ce sont des astuces pédagogiques pour impliquer et motiver. La pédagogie digitale utilise systématiquement le jeu et le challenge avec des plateformes qui permettent différentes formes de "gamification". Comme nous venons de le voir, cette ludification est d'abord permise par les questions qui font gagner ou perdre des points. Mais l'introduction du jeu dans les e-learning ne s'arrête pas là. La grande révolution introduite par la digitalisation des formations, c'est le serious game. L'apprentissage se fait à travers la réalisation d'un parcours constitué d'épreuves virtuelles. L'apprenant se transforme en un héros-joueur qui doit résoudre des situations-problèmes, lesquelles situations se rapportent aux apprentissages à réaliser. Chaque réponse du joueur-apprenant est évaluée par un programme de l'ordinateur qui commente l'action faite. Ces simulations sont scénarisées de telle sorte que le joueur-apprenant se sente interpelé par chaque épreuve qui lui est proposée. C'est à travers l'attention aux événements qui sont proposés et à travers les émotions qu'il va ressentir que le joueur va mieux intégrer les compétences à acquérir. Le serious game reprend donc le meilleur des formations classiques à base de simulation et de jeu de rôles. Le joueur peut rejouer plusieurs fois pour comprendre dans le détail les erreurs à éviter et les bonnes manières de faire.

Conclusion

Pour compléter tout ce que nous venons de dire sur les efforts faits en e-learning pour introduire les éléments d'une relation humaine de substitution avec les apprenants, il faut dire que le e-learning ne s'utilise plus isolément. Une formation e-learning est toujours suivie désormais d'un séminaire présentiel d'application. Cette stratégie pédagogique est issue des expérimentations sur la "classe inversée" qui ont démontré les performances de la préparation digitale et distancielle préalable centrée sur les concepts et la théorie, combinée ensuite avec une réunion présentielle de mise au point et d'application. Le "blended learning" (ou stratégie pédagogique mixte) est donc désormais la modalité canonique de la formation utilisant la digitalisation. On voit donc, à travers le rappel que nous venons de faire, les efforts importants que demande aux concepteurs-réalisateurs, le nouveau paradigme de la formation sur la seule dimension du relationnel avec les apprenants. On est loin d'une déshumanisation et d'une simplification mécanique. Au contraire, il y a une grande réflexion pédagogique et un véritable souci de la valorisation de la place de l'apprenant dans le processus d'apprentissage.

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