Pléthore d'enfants gâtés

Une société d’enfants gâtés ?
De plus en plus d’analystes de la société française, comparant les français à d’autres citoyennetés, parlent des Français comme étant « des enfants gâtés » entretenus par un État providence malvoyant : des personnes aigries et jamais contentes de leur sort, toujours à réclamer plus pour leur bien-être personnel, critiques incessantes de leurs concitoyens et du fonctionnement des choses (entreprises, services publics, justice, police, économie…), exigeantes et revendiquant toujours dans l’agressivité … C’est là, bien sûr, une caricature globalisante qui n’a qu’une certaine part de vérité car elle oublie l’existence des Français travailleurs acharnés, ingénieux et inventeurs, dévoués à la collectivité, acceptant les mauvaises passes de la vie pour les franchir avec acharnement… Cet article veut faire le portrait de cette frange, pesante et toujours présente, que sont dans notre société, les adultes « enfants gâtés ».
La fabrication de l’adulte « enfant gâté »
Les attitudes et attentes de l’enfant gâté se fabriquent dans l’enfance et notamment dans les rapports que les différentes figures et entités de son environnement socio-affectif entretiennent avec lui. Les différentes analyses psycho-sociologiques des spécialistes de la genèse de l’enfant gâté peuvent être synthétisées dans le tableau ci-dessous.
Figures ou entités de l’environnement | Relations typiques de la figure ou de l’entité avec l’enfant | Attitudes, attentes et sentiments développées chez l’enfant et ensuite chez l’adulte |
Maternelle | Très affectives et protectrices. Gratifiante en toutes occasions | Veut être aimé quoi qu’il fasse (exigence) et être protégé en toutes circonstances, ne veut pas de confrontations pénibles avec les éléments du monde extérieur |
Paternelle | Affectives et très permissives (pas d’exigences et de règles). Pas de mise devant des responsabilités | Ne veut pas de contraintes, ne veut pas suivre de règles ce qui signifierait qu’il est mal aimé. Rejette les contraintes, l’autorité et les exigences venant de l’extérieur. Montre son mécontentement devant toute fermeté et refus |
La famille élargie | Admiratives, prodigues de louanges et de gratifications diverses. A toujours cédé aux demandes et aux caprices. N'a jamais dit « non » | Attend des louanges et des faveurs. Ne supporte pas les remontrances et critiques qui déclenchent des colères et des agressions. Est autocentré sur ses désirs, veut être le centre de l’attention. |
Les maitres et professeurs | Indulgentes, protectrices et laisser faire, non évaluatives et sanctionnantes, permissives, n’ayant jamais précisé des limites | Ne reconnait aucune autorité supérieure (scientifique, organisationnelle, politique…). Se pense à égalité avec les diverses autorités. Ses propres règles ont toute légitimité. Sa propre « science » est recevable (tendance au complotisme) |
Le travail et les efforts | Les différentes figures précédentes ont toujours protégé l’enfant des efforts à faire. Le travail n’a jamais été une exigence vécue | Ne cherche pas à fournir des efforts pour obtenir. Défaitiste et désemparé devant l’adversité. Plaintif et récriminant devant les difficultés de la vie. Faisant preuve d’immaturité. Se retire des tâches difficiles. Accusant « les autres » de ses difficultés. Attendant du secours des « autorités » tout en récusant par avance le bien-fondé de leur aide puisqu’elles n’ont pas su le protéger |
Les pairs et les camarades | Les différentes figures précédentes l’ont toujours placé au-dessus de ses camarades et l’ont protégé de toute concurrence | Ne supporte pas la compétition sociale. Ne supporte pas d’être perdant. Ne sait pas gérer les relations personnelles. Pense que tout lui est dû. Les autres ne sont que des prédateurs de ce qui doit lui revenir de droit : argent, bonheur… Ne peut s’affilier que momentanément aux autres dans la revendication agressive |
La société englobante | Les différentes figures précédentes ont toujours été dévalorisées et critiquées devant lui | Aucune confiance dans le fonctionnement de la structure sociale. La société est comptable de ce qui lui arrive de mauvais. Comme elle est incompétente et méchante, il a le droit de la combattre violemment (l’enfant gâté devient vite un casseur auto-légitimé devant la frustration) |
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