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Fin d'une époque pour la France



Les analyses des experts

 

Dans un ouvrage collectif mis en scène par Anne-Christine Fournier (Regards sur notre temps, 2013), quelques philosophes français contemporains livrent leurs analyses de la société actuelle. Ils corroborent tous, un constat catastrophique sur l’état mental du corps social français.

 

Pour Alain Finkielkraut : « La barbarie a fini par s’emparer de la culture (et) à l’ombre de ce grand mot, l’intolérance croît, en même temps que l’infantilisme. Quand ce n’est pas l’identité culturelle qui enferme l’individu dans son appartenance… c’est l’industrie du loisir qui réduit les œuvres de l’esprit à l’état de pacotille ».

 

Pour René Girard : « Certains phénomènes vont s’accélérer inévitablement, liés à l’histoire. Il va y avoir des accidents historiques de toutes sortes. Le monde est d’une instabilité plus grande aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été. »

 

Pour Fabrice Hadjadj : « Nous sommes aujourd’hui dans une situation spécifique… le progressisme s’est effondré. Nous ne croyons plus aux lendemains qui chantent, et le catastrophisme tend à se généraliser... Désormais, ce qui prédomine, c’est le sentiment de l’imminence d’une catastrophe nucléaire, climatique, génétique… et l’on semble tendre vers ce que l’on pourrait appeler l’antihumain (avec) la technocratie, la deep ecology et la théocratie. »

 

Pour René Guénon, le monde moderne est arrivé au bout de son développement et « une transformation plus ou moins profonde est imminente, un changement d’orientation doit immanquablement se produire à brève échéance, de gré ou de force, d’une façon plus ou moins brusque, avec ou sans catastrophe » (La crise du monde moderne, 2021). 

 

Pour Dominique Moïsi (Le triomphe des émotions, 2024), notre société actuelle génère de la peur, laquelle empêche de penser rationnellement et nous jette dans le monde des émotions.

 

Le sociologue Michel Beaud, dans son ouvrage apocalyptique « Le basculement du monde » (1997) passe en revue les très nombreux philosophes, économistes, sociologues, scientifiques et prix Nobel qui annoncent des catastrophes imminentes. Il cite : Horkheimer, Adorno Mounier, Marcuse, Monod, Morin, Dumond, Habermas… tous ces éminents penseurs nous font part de leur vision pessimiste de notre futur en avançant des arguments pertinents, mais effarants.

 

Par ailleurs, le Conseil Social, Économique et Environnemental, dans son rapport de 2023 signale que « les raisons du pessimisme français sont bel et bien réelles… il est temps de les prendre à bras-le-corps : quatre décennies de chômage de masse, un durcissement des conditions de vie de la jeunesse et un décrochage scolaire massif et persistant... les Français vivent une période complexe qui les conduit à exprimer des doutes quant à leur avenir… Ce sont ces défaillances françaises qui nourrissent l’angoisse collective. » Les idées flottant dans l’environnement sur la fin de l’abondance, la fin de la providence, l’ère de la décroissance, l’avenir antimoderne et technophobe, la prise de pouvoir de l’Intelligence Artificielle… participent aussi de cette angoisse.

 

Les expressions fictionnelles de l’angoisse

 

Les films et les séries qui sont proposés sur les multiples plateformes (Netflix, Prime Video, Disney+, OCS, Paramount+, Pass Warner, FilmoTV…), sont tous des dystopies (genre de fiction consistant à mettre en scène une société lugubre et dangereuse contrôlée par un pouvoir tyrannique et totalitaire ou par une idéologie néfaste). Ces fictions ont un grand succès. Fallout, That last of Us, Black Mirror, The Andmaid’s Tale fascinent les sériephiles.

 

Les chercheurs qui se sont penchés sur ce phénomène considèrent que cela traduit l’angoisse existentielle de nos contemporains. Les gens rechercheraient à la fois une sensibilisation aux apocalypses probables et une catharsis, sorte de décharge émotionnelle libératrice de leurs peurs. Les spécialistes de la littérature dystopique notent l’apparition de ce genre fictionnel et sa forte diffusion à chaque moment de l’histoire où de nouvelles idéologies inquiétantes émergent, ou encore, chaque fois que des technologies inconnues ou des crises diverses apparaissent.

 

Certes, les analyses et les alarmes de ces philosophes et les rapports du Conseil Social, Économique et Environnemental ne sont pas lus par le commun des mortels. Elles n’ajoutent donc pas directement au malaise global ressenti. Elles soulignent seulement les traits noirs du tableau général. En France, le climat général – sans parler du chaos politique – est donc pesant.

 

Conclusion

 

Autrefois, vers 1950, les Français auraient mieux supporté cet environnement, car d’une part, ils étaient centrés sur l’idée de progrès et se battaient pour améliorer leur vie et, d’autre part, les idéologies eschatologiques qu’étaient le communisme (25 % des voix) et le catholicisme (28 % des voix) proposaient de l’espérance, soit sur terre, soit après la mort. Désormais, ils sont habitués au confort du consumérisme et le communisme et la religion chrétienne sont moribonds. Les Hommes se retrouvent émoussés et sans espérance. Par ailleurs, beaucoup sont devenus des « enfants gâtés » (Fanny Parise, Les Enfants gâtés : Anthropologie du mythe du capitalisme responsable, 2022).

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