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Figures de la radicalisation



Nous nommons différemment certaines figures du radicalisé : ce sont des fous, des illuminés, des dictateurs sanguinaires, des terroristes, des tyrans, des détraqués, des gourous, des criminels obsessionnels ou encore, des idéologues forcenés. Cela veut bien dire qu'il y a des points communs entre toutes ces personnes. Nous considérons qu'elles ne sont pas équilibrées du point de vue mental et qu'elles ne se comportent pas comme l'homme banal et normalement civilisé. À un moment donné de leur histoire personnelle, suite à un déséquilibre psychologique, leur cerveau a basculé dans l'obsession conduisant à des actions destructrices et meurtrières.

Définition

La radicalisation est un processus psychologique qui conduit un individu à adopter et à s'investir totalement dans une idéologie (une vision du monde, un ensemble de principes et de valeurs). Cet état d'esprit est lié à des actions violentes contre les personnes et les groupes qui ne partagent pas cette vision du monde et l'ensemble des principes et des valeurs associés. Le "radicalisé" est donc un extrémiste violent qui a pour raison d'être de combattre à mort ceux qui ne pensent pas et ne se comportent pas comme lui. Ses actions violentes sont totalement justifiées dans son esprit par sa volonté d'éliminer complètement ceux qu'il a constitués comme des ennemis.

Quelques figures de radicalisés


Nous avons entendu parlé de quelques radicalisés célèbres.


Caligula fut un empereur romain qui succéda à Tibère en l'an 37. Il devint un tyran sanguinaire et débauché faisant exécuter tous ses opposants. Il envisagea de nommer consul son cheval, cheval qui partageait sa table.


Savonarole, qui était un moine dominicain, révolté contre la corruption liée aux indulgences, prend le pouvoir dans la Florence de la Renaissance. Il se déclare prophète parlant sous l'inspiration de Dieu et fonde une "république chrétienne et religieuse" qui est une vraie dictature.


Robespierre est la figure historique de l'extrémiste violent de la Révolution française. Son idéologie de la pureté révolutionnaire l'a poussé à guillotiner de nombreuses personnes qui ne pensaient pas exactement comme lui. Landru (années 1920), était un sérial killer qui se faisait passer pour un riche veuf esseulé. Il promettait le mariage à ses victimes qu'il dépouillait de leurs économies. Il brulait ensuite leurs corps dans les fourneaux des villas qu'il louait. Staline, dirigeant soviétique des années 45 est un exemple de dictateur sanguinaire. Outre l'élimination systématique de tous ses opposants à travers des procès truqués, il est jugé responsable de la mort en déportation dans des camps, de plus de vingt millions de personnes qui pouvaient être opposées à sa vision des choses.


Ben Laden est un fanatique islamiste d'origine saoudienne, chef du réseau terroriste Al-Qaïda dans les années 2000. C'est un idéologue du djihad, c'est-à-dire de la guerre sainte d'extermination contre tous ceux qui ne sont pas musulmans. Il a organisé les attentats de 2001 sur les tours du World Trade Center de New York qui ont fait 2977 morts.


Anders Behring Breivik est un terroriste norvégien d'extrême droite qui a réalisé les attentats d'Oslo en 2011. Il commet d'abord un attentat à la bombe visant un édifice gouvernemental à Oslo, causant huit morts. Il continue ensuite avec une tuerie de masse dans un camp sur l'île d'Utøya où il assassine 69 adolescents.

Les points communs et différentiels

Genèse de la radicalisation

Tous les cas que nous avons cités ont intéressé les psychologues et les psychiatres. Leurs expertises révèlent toutes les problèmes affectifs rencontrés dans l'enfance : rejet, souffrance psychologique, sentiment d'infériorité, problème d'identité, chocs affectifs... Des événements de leur vie font se cristalliser, à un moment donné, leur système de croyances autour de quelques principes simples trouvés dans des modèles ou des écrits qui leur apportent la lumière. Adossée alors à une idéologie construite à cette occasion, leur vie trouve un vrai sens dans la poursuite de la réalisation des commandements de leurs croyances. Leur système de croyances (ou leur idéologie, ce qui est la même chose), a une force propre qui les sécurise tout en leur indiquant ce qu'ils doivent faire pour réaliser pleinement leur vie. Ce qui caractérise les radicalisés c'est que, ce que commande leur système de croyances, c'est l'élimination, le meurtre de quantité de personnes qui ne partagent pas leurs propres principes de référence.

La quadruple radicalisation

Chez les radicalisés, tout est extrême.

Radicalisation de la motivation

La force qui pousse les radicalisés est très forte et constante. il n'y a pas de répits à la poursuite de leur but. Ils vivent avec leur obsession permanente. Ils sont tout entiers tendus vers la réalisation de leur mission. Ils déploient des trésors d'efforts, d'intelligence et de ruse pour arriver à leur fin et, donc, réaliser les séries de meurtres qui signent leurs réussites.


Radicalisation du système de croyance

Le système de croyances des radicalisés est sans failles. Il permet de résister à toutes les objections, il porte en lui toutes les justifications. Ce système se radicalise encore à l'extrême dans le principe ultime de la purification. Tout ce qui est fait participe à cette purification. Que ce soit Caligula qui purifie l'Empire et le pouvoir impérial à Ben Laden qui purifie le monde en passant par Landru qui purifie la société en éliminant les veuves inutiles. Sans parler de Savonarole, de Robespierre, de Staline et de Behring Breivik qui ont ce but explicite. Tous les systèmes de croyances portent en eux l'idée de devoir sacré et absolu à réaliser.


Radicalisation des groupes de victimes

Les victimes désignées ne sont pas choisies une par une en fonction d'aléa de la vie quotidienne. Elles font partie de larges groupes : les opposants, les riches veuves, les impies, les immigrants musulmans (les juifs, si on se rappelle d'Hitler)... La haine et la vindicte des radicalisés définissent des types généraux de populations fautives qui doivent disparaître pour purifier le monde et leur permettre de réaliser leur mission.


Radicalisation des moyens d'exécution

Là encore, les radicalisés ne font pas dans la demi-mesure. La mort violente de leurs victimes désignées est toujours la réponse qu'ils mettent en œuvre. La palette de leurs actes va de l'assassinat ciblé d'un opposant à la condamnation à mort d'une masse de personnes (charrettes pour la guillotine, attentats à la bombe, déportation au goulag...).

Points d'attaque de la déradicalisation

La déradicalisation est dite réussie lorsque le système de croyance est désorganisé et ses principes néantisés. C'est alors que les actions meurtrières n'ont plus de support idéologiques et qu'elles perdent leur signification positive et, qu'en conséquence, elles ne sont plus mises en œuvre.


Mais l'attaque rationnelle et directe du système de croyance à partir d'un de ses principes est très difficile. Le système porte en lui ses arguments de défense. Il résiste à toutes les objections. Sa cohérence garantit son inviolabilité.


Il ne faut pas oublier que ce système idéologique est né à partir d'une série de chocs affectifs : sentiments de déréliction, de dévalorisation, d'infériorisation, de perte d'identité... Il faudrait donc d'abord s'occuper de ces sentiments et essayer de reconstruire une identité plus sereine. Il s'agirait donc là d'une véritable psychothérapie largement hors de portée. Il faudrait sans doute aussi attaquer le système à l'aide de chocs affectifs utilisant des images provenant des groupes de victimes et des moyens d'exécution...


Des centres de déradicalisation tentent une sorte de "rééducation" à but d'insertion dans la société en construisant autour du radicalisé un univers de formation attractif (matières scolaires, ateliers pratiques, apprentissages divers...). Cette immersion devrait amener le radicalisé à se construire une autre vision du monde et de son identité dans ce monde.


Mais 80% des radicalisés ne seraient pas affectés par ce type de programme. Sans doute manque-t-il le coté psychothérapie individuelle.

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