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L'importance de la culture d'entreprise


La culture d'entreprise

Lorsque l'on arrive dans une entreprise, on entre dans un monde que l'on croit connaître entièrement. En effet, il est d'abord composé d'un ensemble de normes, de règles et des valeurs culturelles que nous partageons avec les collègues et les responsables. Mais ce monde est aussi composé d'une sous-couche culturelle spécifique, propre à cette entreprise et largement façonnée par son histoire singulière. Cette sous-couche faite d'habitudes, de manières de faire particulières et de règles de conduites, n'est pas immédiatement appréhendable. Il va nous falloir un certain temps pour la décoder et nous y conformer. Il est important de la décoder rapidement : les études des sociologues montrent que ce sont ceux qui la comprennent le plus vite et s'y conforment le mieux qui progressent le plus vite dans l'entreprise.

La culture d'entreprise comme tamis

Lorsque vos conduites sont en conformité avec la culture d'entreprise, ces conduites sont jugées positivement. Elles respectent les règles et c'est parce qu'elles respectent ces règles qu'elles ont de la valeur. Autrement dit, une grande partie de l'évaluation des conduites se fait en référence à la culture de l'entreprise. La culture d'entreprise fonctionne comme un tamis qui sélectionne et donne des points aux seules conduites en accord avec les règles de constitution de ce filtre.

Le référentiel des règles du jeu

Pour dire les choses autrement, une culture d'entreprise, c'est comme un ensemble de règles du jeu par rapport auquel les évolutions des joueurs sont nécessairement évaluées. Pour bien faire comprendre cela, je vais prendre une anecdote rapportée par le psychologue Boris Cyrulnik.

Je regarde un match de rugby à la télévision. Arrive une de mes amies à qui je demande : « Peux-tu me décrire ce que tu vois sur cet écran ? » Elle me répond : « Je vois des hommes couverts de boue qui s’entassent et se bagarrent dans une ambiance de vocifération. » Je pose alors la même question à son fils qui joue dans l’école de rugby. Il me répond : « La troisième ligne s’est détachée rapidement car les piliers toulonnais sont plus solides, ce qui a permis au demi de mêlée de passer son adversaire et d’envoyer à l’essai son trois quart centre déjà lancé. Quelle beauté, quelle élégance, la foule crie son enthousiasme… » (Cyrulnik, Les nourritures affectives, 1993, p. 13)

Une mêlée au rugby

Le commentaire de la mère de famille trahit son incompréhension face à un événement qui semble intéresser des hommes apparemment sensés. Le spectacle n’évoque pour elle rien de précis ; les actions renvoient tout au plus à « une bagarre primitive et confuse empreinte de bestialité ». Cette mère ne possède pas les données permettant une interprétation sensée du jeu car elle ignore les règles du rugby.

Culture d'entreprise et interprétation des conduites

En revanche, les images prennent une tout autre signification aux yeux du fils car il connaît ces règles. Sa science du rugby lui permet donc d’interpréter correctement et d’apprécier la séquence de jeu, de lui attribuer un autre sens.

Les savoirs différents de la mère et du fils mènent à deux interprétations différentes d’un même fait. Pour décoder les images, la mère mobilise, comme contexte de référence, sa vague connaissance des pugilats confus ; le fils, mobilise sa connaissance des règles du rugby. La mère ne voit qu’une scène de confusion prolongée là où le fils a su décortiquer une chaîne d’actions aboutissant à un résultat. Pour le fils, le « sens » naît d’une sommation d’interprétations intermédiaires ; pour la mère, ces étapes n’existent pas : elle ne voit qu’une bagarre entre adultes.

La mère ne peut pas percevoir les actions du jeu car elle n’a pas la « culture » d’arrière-plan nécessaire. Cette culture fournit un langage (la terminologie rugbystique), des règles, et des critères d’appréciation. Quiconque ne maîtrise pas ces paramètres est désavantagé dans sa tentative de perception de ce type de scène. Il en va de même en ce qui concerne la culture d'entreprise : celui qui ne la possède pas ne peut même pas "percevoir" ce qui se passe autour de lui dans son travail. Il va rater des pans entiers

Généralisation

Cette anecdote démontre qu’une attribution de sens à des conduites se fait toujours par rapport à un référentiel, c'est-à-dire à une échelle de valeurs. Dans le cas présent ce référentiel est une somme de connaissances et de règles. Dans la vie quotidienne nous avons tous notre référentiel. Il est constitué d'une partie de normes partagées avec nos contemporains et d'une partie de règles personnelles issues de notre biographie. C'est avec lui que nous jugeons. La perception et la compréhension de notre environnement est déterminée par notre bagage intellectuel et culturel.

Mon analyse est transposable à d’autres situations de la vie sociale ou professionnelle. Tout individu qui ignore les normes et règles du milieu dans lequel il se trouve ou travaille sera en décalage par rapport à ceux qui ont assimilé ces règles – comme la mère de famille l’est par rapport à son fils.

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